🎙️ MICKAËL AUFFRAY : L’INTERVIEW !
- Mafolielivresque
- 23 avr.
- 7 min de lecture

Auteur de « Pendant qu’il est trop tard », publié aux éditions Hugo Stern en avril 2024, je vous invite à faire connaissance avec Mickaël Auffray, pour cette 47e interview.
MERCI, MICKAËL, POUR VOTRE CONFIANCE ET VOTRE CONTRIBUTION
Enseignant en technologie dans un collège, et lorsque le salariat lui laisse du temps, Mickaël se consacre à l'écriture.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ? Et pourquoi privilégier le roman contemporain, teinté de dystopie ?
Les thèmes que j’abordais par le passé étaient ceux de la vie courante (vie conjugale et professionnelle) à travers des nouvelles au style tragi-comique. Depuis un certain rhume dystopique ayant mené à un changement de paradigme, j’ai préféré axé mon travail sur l’emprise de la technique dans nos sociétés et les méthodes de contrôle des masses utilisées par les différents pouvoirs : médiatique (orientation des opinions, phénomènes de mode), politique (élections, lois) et socio-économique (publicité, design comportemental).
Le sujet de votre dernier livre « Pendant qu’il est trop tard » s’est-il imposé de lui-même ou est-il né d’une réflexion plus progressive ?
« Pendant qu’il est trop tard » est un roman qui questionne la place de la technique dans les sociétés humaines, il témoigne du prix à payer en cas de révolte, mais également des conséquences de la soumission. Ce roman est né comme une évidence face aux aberrations auxquelles nous avons été confronté lors du coronacircus.. Durant cette période, j’ai eu de riches échanges avec des personnes en opposition complète face aux mesures prises à l’époque. J’ai appris certaines choses que j’ai souhaité intégrer dans le livre afin de laisser au lecteur le soin de faire ses propres recherches. Ainsi, quand vous lisez « Pendant qu’il est trop tard », des éléments du réel, présents ou à venir, sont fondus dans la fiction.
Ce roman dépeint une France des années 2030 où la population est surveillée par des moyens techniques toujours plus performants et où le gouvernement oblige ses administrés à se faire implanter une puce sous la peau. Ceux qui refusent se voient exclus de la société : interdiction de travailler, d’utiliser son propre véhicule, de recevoir des soins médicaux ou certaines aides sociales. On y suit le parcours de Jeff Chapelle, staffeur de son État restaurant les façades de bâtiments non entretenus. C’est un homme qui lutte depuis longtemps contre le totalitarisme rampant, qui ne croit plus au narratif des médias officiels et dont les convictions personnelles et les réseaux qu’il côtoie vont le mener peu à peu au licenciement, puis à l’exclusion sociale. De l’autre côté, sa femme prénommée Alba est une infirmière qui s’interroge sur l’obstination de son mari à vouloir combattre un système censé aller vers le progrès. Cependant, un événement va remettre en question sa vision des choses et, alors que Jeff est au plus bas, elle prendra le relais du combat que son mari a commencé. Devenu une fervente résistante à l’ordre établi, Alba finira par proposer une solution radicale pour elle et sa famille.
Faites-vous un plan ou votre histoire vient à vous d'elle-même ? Avez-vous besoin d'une ambiance particulière (musique, lumières, etc … ) ?
La rédaction de « Pendant qu’il est trop tard » s’est faite au long cours, tout en observant l’évolution de la situation de la période susdite et en opérant une veille technologique accrue (démocratisation du QR code, du paiement sans contact, de l’« IA », télétravail, « ubérisation »...). Il s’agissait de pousser les curseurs plus loin que ce qu’on ne les poussait déjà ! Anticipation oblige. J’avais donc ma trame avec Jeff et Alba, mais leur monde évoluait constamment. Finalement, j’ai fait un plan, mais il n’est venu qu’au deux tiers du roman, quand il me sembla que j’avais dit ce que je souhaitais pour ce livre.
Concernant l’ambiance dans laquelle je me projette pour écrire, j’ai remarqué qu’avec le temps (l’âge ?), l’écriture le matin est plus prolifique, avec du café et un nouveau jour comme promesse de réussite. Malheureusement, ce n’est possible que le weekend… L’écriture le soir a son charme également. On écrit pas les mêmes choses en fonction de la journée, donc il faut se laisser porter par notre instinct.
Pour la musique, il y aurait trop à dire, mais pour ce roman, c‘est surtout Dead can dance, Massive attack et Depeche mode qui m’ont accompagné.
Comment faites-vous vos recherches pour les lieux, les personnages, afin d'apporter du réalisme à votre histoire ?
Pour mon dernier roman, je n’ai pas eu à inventer un univers particulièrement futuriste puisque nous sommes dans de l’anticipation proche. À ce sujet, il est très hasardeux de dépeindre un décor et des objets sur de longues échelles de temps (cf : la vieille SF). Plus généralement, j’ai une sorte de marotte pour l’arrière pays provençal qui représente souvent l’espace de fuite et de liberté dans mes textes : prenons le maquis ! Pour les espace citadins, je n’ai qu’à regarder par ma fenêtre… Enfin, j’ai la mémoire photographique de mes voyages : des paysages variés qui sont une source d’inspiration et de descriptions.
Quels sont vos futurs projets d’écriture ? Y en a-il un en gestation ?
« Pendant qu’il est trop tard » était une étape nécessaire pour poser une réflexion sérieuse par rapport au monde actuel. Cependant, je souhaite revenir à une tonalité plus légère (le tragi-comique que j’évoquais plus haut) et rebâtir des personnages pittoresques et extravagants, en essayant toujours de brosser le portrait de l‘époque et de ses contradictions. J’ai un projet en cours qui abordera les absurdités de la parenthèse que nous traversons, un objet littéraire qui s’apparente à du n’importe quoi tout à fait maîtrisé. Comme le cycle dans lequel on est inscrit actuellement.
Pour terminer cette entrevue, je vous laisse, le mot de la fin.
Le mot de la fin se traduira par des applaudissements et un questionnement :
— Les applaudissements pour les personnels de santé en général et plus particulièrement pour les soignants qui subissent une vendetta uniquement parce qu’ils prônent l’autonomie en santé. Je pense ici à certains naturopathes hygiénistes mis au ban alors qu’ils ne font que prodiguer des conseils de prévention. N’oublions pas qu’un corps qui dysfonctionne rapporte de l’argent.
— Le questionnement porte sur la bienveillance : peut-on être certain que ceux qui exerce un pouvoir sur nous veulent notre bien ?
Pour découvrir plus amplement l'univers de ce grand auteur de roman contemporain, je vous invite à découvrir sa page sur Babelio

Pendant qu'il est trop tard
publié chez Hugo Stern en avril 2024
Effondrement des petites sensations, liquidation du merveilleux, imagination moribonde, dissolution de la pensée.. Le virtuel remplit les emplois du temps, tout en vidant les existences. Du berceau à la tombe, cette époque nourrit la famine spirituelle. L’être moderne se lève tous les matins en passant à côté de son destin, avant de rentrer tous les soirs dans la niche où le dressage la conduit. »
Dans la France des années 2030, la population est surveillée par des moyens techniques toujours plus performants. Le gouvernement renforce son autorité en contraignant les derniers réfractaires à se faire implanter une puce sous la peau. Ceux qui refusent se voient exclus de la société : interdiction de travailler ou d’utiliser son propre véhicule, privation de soins médicaux et de certaines aides sociales. Au gré de lois toujours plus liberticides, nous suivons l’itinéraire de Jeff et Alba, couple en dispute sur leur vision du monde, mais dont la relation va se renforcer par le cheminement intérieur de chacun.
Ce roman questionne la place de la technologie dans les sociétés humaines et les méthodes de manipulation employées par le pouvoir. Il témoigne du prix à payer en cas de révolte, mais également des conséquences de la soumission.

Il pleut des zèbres
publié chez Hugo Stern en juin 2021
En plein désert de Nazca au Pérou, des zèbres se mettent à tomber du ciel. Le mouvement de panique qui s'ensuit laisse place à une question : doit-on vraiment s'en étonner ? Doit-on vraiment s'étonner qu'un château apparaisse dans les nuages pour venir se poser en pleine mer, ou qu'un homme puisse être convaincu de son immortalité ? Est-il raisonnable de penser que nous sommes parfois visités par des phénomènes qui semblent venir d'un autre monde ? La peur s'invite toujours en premier face à l'inexplicable. Mais une fois que la réalité s'est travestie sous nos yeux, une fois l'épouvante passée face au paranormal, il nous faut alors tirer les conclusions de ces messages envoyés d'ailleurs.
Vous pouvez aussi découvrir la plume de Mickaël Auffray parmi :

Vous êtes ici, paru en mai 2019
Un homme est applaudi car il s’est bien garé, une araignée meurt sur fond de crise conjugale, un retraité jette tout par la fenêtre par conviction politique, un salarié s’interroge sur le sens de son travail...
Pris dans la toile, les personnages de ces 10 nouvelles doivent faire face à la détresse du monde contemporain. Quand certains s’adaptent ou se résignent, d’autres sont en quête de sens et combattent.

Les meilleures nouvelles, paru en novembre 2018
Neuf auteurs publiés en revue nous ouvrent les portes de leur univers en partageant leur voix, leur réalité, leur manière de raconter et leur imaginaire.
À travers chaque nouvelle, ils expriment leur attrait pour ces petites destinées, invitant ainsi les lecteurs à une rencontre inédite.
"Le bonheur constant est d'être curieux." - Alice Munro

Makina et autres boucheries, paru en septembre 2018
Recueil de nouvelles brossant une galerie d'excités atteints par la folie meurtrière: de l'absence passagère à l'élaboration d'un plan sanguinaire, ces textes présentent des personnages dont la conscience a complètement pris congé. Ils ont franchi le point de non-retour. Reste les conséquences.
Makina et autres boucheries : un recueil sanglant, cinglé et cinglant.

Comme un poisson hors de l'eau, paru en mai 2017
Premier des trois recueils à être publié sur la thématique éponyme, "Comme un poisson hors de l'eau" rassemble les nouvelles des cinq premiers lauréats de cet appel à textes qui a reçu près de deux-cents participations. Chaque auteur a répondu à sa manière à la consigne : écrire une histoire dans laquelle les personnages essaient de trouver une issue dans un lieu, un temps ou un monde complètement différent.

Ce coquin de Félix, paru en juin 2015
Les personnages de ces neuf nouvelles sont confrontés à des obstacles imprévus, frôlant le fantastique : un toucan amateur de prosélytisme, un parapluie doté de pouvoirs, un tigre pédagogue ou encore des petites culottes cosmopolites. Des aventures caustiques et parfois cruelles sur le monde d'aujourd'hui, entre jeux de pouvoir et abus de faiblesse.
➡️ En bref :
Mickaël m'a contacté par mail pour me proposer la lecture de « Pendant qu’il est trop tard », un court roman de 120 pages dans lequel il imagine ce que pourrait devenir la France des années 2030, à travers les tensions d'un couple aux opinions politiques opposées. Il m'a également fait part de son intérêt pour une éventuelle entrevue.
➡️ Vous pouvez suivre Mickaël Auffray sur :
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🎙️ MICKAËL AUFFRAY : L’INTERVIEW ! est menée par Marie-Laure, blogueuse et chroniqueuse de Ma Folie Livresque
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